Vendredi 7 décembre 2007 2:15






Mardi. Moi
J'ai été frappé d'une violence extrême...
Je suis convoquée à 17h, juste avant de partir dans une petite salle que l'on appelle le petit bureau. Je ne sais pas pourquoi cette pièce s'appelle ainsi car il n'y a pas de bureau mais du mobilier pour enfant. La directrice me dit que depuis la veille l'école vit quelque chose de très difficile et m'annonce que Maud est décédée, elle s'est suicidée. J'ai réalisé tout de suite ce que l'on me disait et c'était d'une extrême violence. Je me suis effondrée. Nous avons discuté et elle m'a invité à me rendre avec l'équipe dans une fondation pour nous aider. J'ai dis que je ne savais pas si je viendrais. J'ai continué de pleurer dans le métro, je me mordais l'intérieur des joues pour ne pas que mon visage se crispe, se torde de douleur. Dans mon petit train de banlieue triste j'avais mis les écouteurs à mes oreilles mais aucune musique n'en sortait. Mes larmes coulaient roulaient sans que je puisse les arrêter, comme si c'était naturel comme de respirer. Au fil de la soirée le chagrin s'est estompé, j'étais épuisée.


Mercredi. L'équipe
Elle a fait en sorte de ne pas se rater...
Nous avions rendez-vous à 10h. Jusqu'à ce que j'arrive à la fondation je ne réalisais plus ce qui c'était passé, cela me paraissait déjà loin même si j'avais la tête lourde de chagrin. Elles étaient déjà toutes assises autour d'une grande table, la mine basse et triste mais ça m'a fait du bien de les voir. Une psychanalyste était présente pour nous accompagner et répondre à nos questions. Nous nous sommes présentées chacune notre tour en parlant de Maud, de ce que chacune connaissait de son histoire, de son petit Garçon de 4 ans qu'elle a laissé. C'est là que j'ai appris qu'elle s'était défenestrée. J'ai revécu cette violence profonde. Ca m'a renvoyé à des choses. Elle a fait en sorte de ne pas se rater. Il paraît que ce sont les mélancoliques qui utilisent ce moyen. Nous étions là pour parler pour nous soulager mais aussi pour savoir quels sont les mots à utiliser pour le dire aux enfants. La psychanalyste nous a dit de ne pas mentir et d'expliquer avec les vrais mots. De répondre au plus juste à leurs questions. Les enfants sont plein de ressources il faut leur faire confiance, la mort est une chose naturelle et simple pour eux.


Jeudi. Les enfants
J'avais une sorte de trac...
J'étais impatiente. Quelques minutes avant que les directrices entrent dans la classe j'avais une sorte de sueur froide. Tous les enfants étaient réunis pour quelque chose "d'important et de grave".
"- Vous savez qui est Maud les enfants ? Lundi quand elle n'est pas venue travailler nous pensions qu'elle était malade mais en fait elle s'est donné la mort.
- Ca veut dire qu'elle est morte ?
- Oui elle est morte nous ne la reverrons plus.
- Pourquoi elle est morte ?
- Parce qu'elle avait une psychose maniaco dépressive grave, c'est exceptionnel ça n'arrive que très rarement.
- Comment elle est morte ?
- Elle s'est défenestrée.
- Ca veut dire quoi ?
- Ca veut dire qu'elle a sauté par la fenêtre.
- Pourquoi elle a sauté par la fenêtre ?
- Parce qu'elle ne pouvait pas faire autrement..."
Ils se sont beaucoup exprimés en parlant de la mort d'une grand-mère, de maladie ou de super pouvoirs de super héros. Ils ont fait des dessins en écrivant "MODE" et les ont déposés dans une jolie boîte décorée.



Maud
Elle avait tissé des liens avec chacune d'entre nous...
Elle travaillait dans l'école comme assistante depuis septembre. L'équipe savait que c'était quelqu'un de fragile. C'était une personne "lisse" et toujours souriante.
Je suis arrivée en stage début octobre. Je ne connaissais pas beaucoup Maud, mais nous avions échangé pas mal ces derniers temps comme des collègues. Elle m'avait demandé si je pensais avoir trouvé ma voie avec les enfants. Elle, elle ne savait toujours pas. Elle avait des doutes, elle n'arrivait pas à trouver sa voie. Elle m'avait parlé de son petit garçon et m'avait présenté une photo de lui. Il lui ressemble beaucoup. Elle en était fière. Elle était séparée du père et quand un week-end sur deux elle n'avait pas son fils c'était très dur pour elle. Ce week-end là, il n'était pas là.
Maud se contenait beaucoup et luttait contre elle même tous les jours. Elle n'a pas voulu se tuer mais mettre fin à cette insupportable souffrance qui l'habitait sans doute depuis longtemps.
C'est la première fois de ma vie que je me retrouve face à la mort de quelqu'un que j'ai côtoyé et en plus d'une façon qui prend tout de suite une autre dimension.




Au revoir Maud.


Par Minor-Catastrophes le Vendredi 7 décembre 2007 11:38
C'est bouleversant... Le suicide est une véritable énigme. Cependant, tu as trouvé les mots justes en écrivant qu'elle n'avait pas voulu se tuer mais mettre fin à cette insupportable souffrance. Beaucoup de gens croient que c'est un acte d'égoïsme profond mais celles et ceux qui passent à l'acte doivent avoir bien des choses en tête, être dans un état second pour agir de la sorte. C'est affreux pour ceux qui restent.
Par Jeanne le Vendredi 7 décembre 2007 21:36
Que dire...
Que tu en parles c'est deja un "progrès"...
ne connaissant pas [encore(?)] cette situation, je ne paux pas vraiment me mettre a ta place, juste essayer de comprendre, tenter de comprendre quelque chose qu'on ne comprend que lorsqu'on vit ça...
Je suppose que tu sais que tu n'y es pour rien et que tu sais que tu n'aurais rien pu faire...sinon..qu'ajouter?...
Bon courage et bonne continuation (?)
Bises [très] affectueuses, plus que d'habitude, je pense a toi...

=s
Par Jeanne le Vendredi 7 décembre 2007 21:37
rectification (pour ne pas faire de malentendu =s)
quand je dis "comprendre" c'est me mettre a TA place, au choc que ça doit etre et a la violence de la nouvelle (pas a SA place =s)

Par naureli le Samedi 8 décembre 2007 0:41
coucou ma dju,

ton blog est tout simplement toi, comme je te connais, et bizarement je comprend tout tes moindres petit geste, et je ressent toute ta douleur, je suis désolé pour Maud, c'est trés touchant ce que tu à marqué, et j'imagine comment tu dois être ma ptite dju...la vie n'est pas facile tous les jours et laissé un pti bout de quatre ans, c'est dur...ça mes serre la gorge et je suis bien contente d'avoir lu ton blog plutot que de recevoir un appel ,qui malgré tout aurait pu te faire un peu de bien...alors si besoin, tu peux compter sur moi.
Bisou ma dju
Par Jeanne le Lundi 10 décembre 2007 18:55
Pas d'news depuis quelques temps, j'peux comprendre. Mais j'viens aux nouvelles quand meme. Meme si elles osnt mauvaises, pas gaies ou inexistantes. Juste histoire de dire que j'pense a toi.
Biises
 

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